Depuis ce matin, je pense à ce moment où je vais pouvoir me poser et écrire. J’observe que je fais mille choses insignifiantes mais urgentissimes, comme pour mériter de prendre ce temps pour moi.
Hier je partageais à une amie mon combat contre l’endormissement, l’absence à mon essentiel. Elle n’était pas en accord avec mes mots, et m’a donné les siens : j’entends que je n’abandonne pas, que je suis bloquée par mes résistances.
Oui, je valide. Je vois l’affrontement, le combat contre, mais contre quoi ? Qui résiste en moi, et à quoi ?
Dès que je suis assise devant mon ordi, des foules d’envies se bousculent : j’ai vraiment soif, il me faut un verre d’eau… Il reste de délicieuses fraises au frigo, ce pourrait être un excellent gouter avec un peu de crème, et c’est juste l’heure… Je n’ai pas téléphoné à une amie souffrante pour prendre de ses nouvelles… Je vais avoir mal au dos si je ne vais pas chercher les coussins pour poser mes pieds… Tiens, il me semble que la machine à laver s’est arrêtée ? Il me faut y aller vite, sous peine de retrouver le linge tout froissé… Et si je regardais les nouveaux films sur Dradab ?… Et j’ai un poil sur la lèvre qui me gêne je dois aller voir ce qu’il en est… Et en même temps je joue au scrabble sur mon téléphone… Et la machine à sécher vient de sonner je vais sortir le linge…
Bref, je pourrais remplir des pages de ces injonctions à faire autre chose qu’être simplement là, à écrire, avec cette croyance qu’ensuite je serais « vraiment » disponible. Mais vous aurez compris que « l’après » n’arrive jamais, il y a toujours une suprême urgence, et je me laisse éloignée.
Je décide d’aller regarder un film, pour reposer mon dos, et chercher des indications.
A tout à l’heure.
Un appel d’une amie m’attrape en chemin. J’entends et prends comme miroir : « je suis un peu perdue, je cherche des pistes, j’ai beau demander très fort je ne vois rien de clair. »
Je suis joyeuse de cet échange, et qu’elle ait pris l’initiative de me joindre.
Me voilà installée devant : « Io che amo solote », un film Italien : « Moi qui n’aime que toi », quel programme !
Je me sens joyeuse à l’écoute de la sonorité chantante de cette langue, du rythme rapide et virevoltant des images, j’apprécie que le couple central soit de ma tranche d’âge.
Qu’ai-je appris de ce film ? Que me propose-t-il d’entendre ?
Oser être moi, me dire telle que je suis dans toute ma vérité, faire les bons choix, ne pas laisser passer ma vie.
Je peux tout faire, mais je dois le faire ouvertement, sans rien cacher.
Un amour ancien inachevé ne peut se terminer dans le présent. Il est injuste de blesser celle qui n’y est pour rien : l’épouse.
Faire les bons choix demande du courage. Le courage d’affronter ceux qui ne sont pas en accord avec moi, ceux dont le regard m’importe. Et risquer de les perdre.
Je suis impressionnée par tout ce que j’ai reçu, juste en regardant une comédie romantique !
Vais-je en faire quelque chose ?
Je vous souhaite une virevoltante journée.