Prise de conscience sur-prise de poids

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Prise de conscience sur-prise de poids

Depuis le début de l’année, j’ai transformé mon ancien bureau en salle détente. C’est une petite pièce de moins de 10m2, avec une fenêtre allant jusqu’au sol, faisant face à un vieux cerisier. Je l’ai vidée entièrement de tous ses meubles, et de tout le contenu du placard. Mon intention était de trier, et de choisir consciemment ce que je voulais remettre ou pas dans ce nouvel espace.

 

Ce que je savais ? C’était un lieu pour moi, pour être en lien avec mon énergie, pour être en paix avec la femme que je suis. Un peu comme si, pour mieux écouter le mouvement qui nait dans mon ventre ces derniers mois, j’aménageais un cocon propice à son expansion, à son épanouissement.

 

Le dernier dossier papier à trier s’appelle « Poids, mesures, et autres variations ». Il est épais d’une quinzaine de centimètres. Il rassemble, des comptes rendues, analyses, mesures, et quelques notes sur ma relation à l’alimentation. Depuis 1997, j’avais 37ans, j’ai gardé la trace de mes montées sur la balance, et depuis une dizaine d’années, j’ai aussi les pourcentages masse grasse/masse musculaire. J’ai même des courbes… Sur papier je veux dire !

Je suis en surpoids d’une vingtaine de kilos, tout en étant plutôt en bonne santé.

J’ai commencé par regarder les écrits relatant les consultations de professionnels en tous genres : diététiciennes, homéopathes, énergéticiennes, naturopathes, acupuncteur, kinésiologues, et bien d’autres. J’ai tout jeté : trop loin, trop vieux, trop nombreux. Quelques centimètres de ma pile ont ainsi été évacués.

J’ai classé les résultats d’analyses, les rassemblant dans une chemise transparente.

Il restait 3 petits carnets, d’apparence différentes, et des courbes. Je les ai étalés sur la table. Trop de chiffres pour y voir clair.

 

J’ai ouvert mon mac et commencé un tableau : année, mois, kilos, événement repéré…

Étonnant !

Une espèce de logique, ou plutôt un fil explicatif, impossible à repérer de trop près comme de trop loin. J’avais trouvé la juste distance pour y voir clair dans tous ces repérages.

 

J’avais cru jusqu’ici que mes kilos étaient arrivés progressivement, comme une réponse au yoyo que je faisais faire à mon corps en lui imposant, depuis l’adolescence, des régimes aussi variés qu’inutiles. Pour être précise c’est ma mère qui a démarré ce rituel. Et je me le suis approprié tout à fait spontanément quand je suis partie vivre ma vie. Quelle drôle d’expression, vivre MA vie, comme si un autre choix était possible, comme si je pouvais décider de vivre la vie d’une autre personne !

 

J’ai réalisé bien tardivement, peu avant mes 40 ans, que je n’avais pas une image réelle de mon corps. Je me suis TOUJOURS sentie grosse, même quand je faisais 55kg ! Je dirais qu’aujourd’hui mon ressenti est enfin conforme à la réalité… Ce qui ne veut pas dire que j’accepte cette réalité comme immuable.

Devant cette feuille Excel allant de 1997 à aujourd’hui, je repère de nombreuses descentes régulières, mais ce qui attire mon regard ce sont une montée douce et deux plus abruptes.

  • 1997-juillet 1998: 1an1/2, +6kg/ 74kg
  • Déc.2006-déc. 2007: 1an, +13kg/ 80kg
  • Avril 2019-janv.2020 : 9mois, +9kg/ 86kg

 

Quelques explications sur ces temps.

 

Janv.1997-juillet 1998 : 1an1/2, plus 6kg.

Début 1997, je quitte mon mari, je vis seule avec mes enfants à partir de juillet 1997.

J’ai repris des études sur trois ans, et la dernière année précédant le diplôme en juillet 98, est particulièrement confrontante.

 

Pour l’année 2007, 13 kg en plus, je frôle les 80kg.

Là il faut regarder l’année 2006. J’étais amoureuse depuis plusieurs années d’un homme marié avec qui je vivais une relation passionnelle. En février j’arrive à le quitter. En juin il me dit envisager venir vivre avec moi, et décide finalement en août de rester avec sa famille.

En septembre je termine un remplacement professionnel sur un poste que j’avais espéré garder.

Ma dernière fille qui a obtenu son bac quitte la maison.

Je ne peux imaginer passer la fin de l’année chez moi, seule. Il me semble que ma survie passe par « partir très loin ». Je choisis une communauté en Inde, dans laquelle je vais vivre et travailler jusqu’aux fêtes de Noël. Je ne connais personne là-bas, et mon anglais est à peine scolaire. Je crois aujourd’hui que j’avais besoin de ce défi pour découvrir mes forces et apprendre à les mobiliser. Connaitre un peu mieux la femme que j’étais pour lui faire confiance. Mieux accepter mes failles aussi.

 

Les trois premières semaines de mon séjour à Auroville je perds 8 kilos. Je n’ai plus de règles depuis mon départ. Je vois en regardant les photos à mon retour que mes cheveux qui étaient à peine gris sur mon passeport, sont devenus presqu’entièrement blancs.

 

L’année qui suit, je suis malmenée par de nombreuses hémorragies, abondantes et intempestives, et quand enfin je ne saigne plus, je suis à plus de 79kg.

Ma fille est revenue habiter à la maison, et cherche sa voie.

C’est le début de la maladie de ma mère, qui glisse doucement en Alzheimer. Je m’investis pour soutenir mon père et trouver avec lui ses solutions.

Jusqu’à ce jour, je ne suis jamais repassée au-dessous de 75kg. Le poids du retour sur terre, du deuil d’une vie rêvée, de la lucidité du quotidien qui m’attend.

 

D’avril 2019 à janvier 2020, plus 9kg.

C’est le temps où j’apprends la maladie d’Aline, une amie affectueuse et chère, qui meurt le 13 janvier 2020.

 

Ce que je vois de commun à ces trois périodes, c’est le poids que je porte à la place des autres, sans que personne ne me le demande. Je passe en force, je tiens la barre, je mets l’autre en priorité, je ne m’écoute plus, je ne me vois plus. J’ai appris depuis toute petite à trouver de l’amour et de la reconnaissance en répondant aux besoins de l’autre. La blessure est toujours présente, et les kilos en sont l’expression. C’est peut-être aussi une indication de la vie, pour m’inviter encore et encore à mieux regarder ces vieux schémas, pour me permettre de les transformer.

 

Alors je me lance. Le 6 avril je démarre une pause alimentaire, avec pour seul objectif de rester présente à ce qui se passe.

 

Cette mise en mots tournée vers vous m’est précieuse… Je reviens bientôt vous raconter la suite !

 

Je vous souhaite une légère et joyeuse journée.

 

Isabelle.

 

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