Qui suis-je pour pardonner?

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Qui suis-je pour pardonner?

Depuis l’adolescence, le pardon m’interroge. J’aurais de quoi écrire une thèse sur le sujet !

Il est arrivé dans ma tête par la religion : « Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés »

C’était d’abord une crispation corporelle à la réception du mot à mon oreille, puis  une lourde interrogation sur le sens. J’avais l’impression que chacun s’arrangeait avec le pardon.

J’entendais des proches me dire « Je lui pardonne », et souvent me venait « Et lui ? Il te pardonne ? ».

Il m’a toujours semblé que quelque soit l’essentiel de ce mot, il n’existait que dans la réciprocité, le lien entre deux personnes qui se l’accordent mutuellement. Je ne le formulais pas ainsi, simplement je sentais une gêne, un déséquilibre face à la condescendance du pardon à sens unique.

 

J’ai compris ensuite que cette réciprocité introduisait l’humilité. Sans cela il me semble que celui qui est dans « Je te pardonne » s’arroge une supériorité. Il est le bon qui accorde son pardon à celui qui a fauté. Il ne prend pas sa responsabilité dans la relation. 

 

Et là je revenais à moi : « Mais qui je suis moi pour pardonner ? » Décidément, le pardon ce n’était pas pour moi !

 

J’ai l’impression qu’avec toutes mes recherches et mes interrogations, j’ai construit un mur autour de moi, comme pour me protéger du pardon.

Une des pierres d’angle était : « mais si je pardonne, qui se souviendra de ce que j’ai subi ? » Une violence m’envahissait : « il doit payer pour ce qu’il m’a fait ! Les autres doivent savoir »

 

C’était très confusionnel et très défensif : pardon, oubli, faute, responsabilité, réparation… Tout s’emmêlait.

 

Je me souviens avoir entendu une mère témoigner du lien qu’elle avait construit avec l’assassin de son fils. Elle voulait comprendre, et au fil des échanges avec ce tueur une affection s’était construite. Je trouvais cette femme admirable, et à la fois inhumaine, comme si c’était un reniement de son fils. Je me sentais incapable d’une telle abnégation, je me vivais trop mère pour ce chemin. Et me revenait « mais qui je suis pour juger cette mère ? »

 

Depuis quelques mois, je suis en présence de l’adoucissement du lien d’une amie très proche et de sa maman. Je savais un peu de leur histoire, un peu des douleurs traversées sur ce chemin.   

Dans le récit de mon amie des derniers moments avec sa maman, elle lui a dit qu’elle la pardonnait, nommant chaque situation douloureuse. Et au fil de ces pardons accordés, lui sont venus des « je te demande pardon de… ». Cette responsabilité partagée a libéré sa maman.

 

Et là une évidence serre ma gorge : je suis venue dans cette vie pour expérimenter le pardon, dans sa réciprocité.

 

Je suis émue, et calme à l’intérieur. Quelque chose se pose, diffuse au creux de moi.

Une joie légère et profonde accompagne cette nouvelle conscience. J’accueille ce cadeau de la vie comme une libération. Maintenant, je sais : ma route s’éclaire.

 

Je vous souhaite, je nous souhaite une belle journée lumineuse.

 

 

2 Comments

Le pardon… Don de SOI don de l’AUTRE, don à SOI don à l’AUTRE, quel qu’il soit
MercI IsamIe pour ton texte InspIré et InspIrant
De cœur à cœur
BIsous mercI bIsous

Toujours heureuse de te lire ici.
Peut-être un prochain article sur le pardon de soi à soi?
La bienveillance autrement dit. Si la plume te tente sur ce sujet, je suis preneuse !
Je t’embrasse Âme Amie.

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