Depuis quelques jours je trie mes livres. Je le fais régulièrement, tous les 3 ou 4 ans. J’aime lire, et j’aime les livres « papiers ». Je les ai découverts dans la banlieue parisienne, je n’avais guère plus de 20 ans.
Ce fut une attraction surprenante. Je suis entrée par curiosité dans la bibliothèque de mon quartier, et de ce jour j’ai emprunté des livres, beaucoup, le plus possible. Je les dévorais. J’ai commencé par des romans policiers, et après épuisement du stock, je me suis laissée guider au gré des rayonnages.
Je me souviens de Pearl Buck, qui m’a émue aux larmes, notamment avec La Mère et Un coeur fier. Je crois que c’est de cette première auteure que je tiens ma préférence pour l’écriture de femme.
Quand un écrivain m’accroche, et “m’accroche” est le mot juste, je me vois truite sur l’hameçon, je lis tout ce qu’il a publié. J’aime cette exhaustivité qui me permet d’entrer dans son monde. Oui, dans les livres, mon plaisir est de découvrir d’autres vies, celles de l’auteur et de ses personnages, et quelques fois la magie opère : je SUIS cet autre dont je parcours le chemin.
Dans les périodes fastes financièrement, j’aime les acheter, de préférence en poche, pour qu’ils trouvent facilement leur place dans mon quotidien. J’aime cette liberté de prendre mon temps, de les regarder, de me familiariser avec leur présence… Et de les retrouver à ma guise sur l’étagère.
Je suis souvent les coups de coeur de mes amis, ou une voix entendue à la radio, ou encore une présentation survolée dans un magazine.
Au fil du temps, lorsque je commence à déposer mes lectures à plat sur les rayons faute de place, j’envisage leur départ. Il me faut attendre pour accepter cet abandon, parfois quelques jours, parfois quelques mois. Le temps fait son travail, et je guette l’instant où l’élan du tri s’imposera. Cette fois c’est mon corps qui a décidé. Un soir où le sommeil jouait à cache-cache, je me suis retrouvée devant mes livres, et le mouvement a commencé.
Il m’importe de transmettre mon quotidien, mes expériences… Et mes livres aussi. Ceux que j’ai aimés, et même les autres qui peuvent ravir un autre que moi. J’aime cette circulation d’objets animés. Imaginer d’autres doigts tourner les pages que j’ai tournées, d’autres yeux suivre les mêmes mots, les sourires, les impatiences, les tristesses, les questions qui vont se manifester chez le prochain lecteur. C’est un doux rêve.
Il en reste quelque uns qui datent du début de l’aventure, quelques autres que j’ai plaisir à relire régulièrement, et des recueils de poésie dans lesquels je pioche à plaisir et sans modération.
Toujours en lisant je savoure ce contact, presque charnel. Vous aurez compris que les lectures « écran » ne sont pas ma gourmandise. Il me manque l’accroche de mes doigts sur le papier, le froissement des pages à mon oreille, les imperfections légères sous mes yeux.
Et quel que soit l’écran que je transporte, je n’ai pas non plus ce sentiment si spécial d’être accompagnée, cette assurance que quels que soient les aléas de ma journée, je ne vais pas « perdre mon temps », puisqu’un livre est avec moi.
Je vous souhaite de belles lectures, et pourquoi pas en partager quelques unes ici?
Merci Isabelle ! Je me suis retrouvée dans ce partage sur la place de la lecture dans ma vie depuis l’enfance -ah ! Pearl Buck- et la relation charnelle avec les livres-papier.
J’en profite pour partager des coups de coeur sur des portraits de femme :
. L’homme semence de violette ailhaud
. Certaines n’avaient jamais vu la mer de Julie otsuka
. Le jour avant le lendemain de Jorn Riel
Bienvenue ici Colette, et merci de partager tes coups de coeur.
Et voici un des miens, que je suis en train de lire : Ame de sorcière, d’Odile Chabrillac.
A bientôt de te lire,
Isabelle.