Dans ma relation à l’homme, c’est souvent la petite fille blessée qui est là, et je demande à l’autre, j’attends de lui qu’il comble ses manques, qu’il la répare.
Comment faire place à LA FEMME, celle qui accueille ?
Je me suis offert deux journées de voyage.
Vers cet inconnu, mon féminin, et avec un presque inconnu, Michael Gallasch !
Voilà ce que je lui écrivais quelques semaines plus tard.
A mon arrivée, quand j’ai fait ma première erreur en refusant le jus de citron que tu me proposais, je n’en ai pas pris conscience.
Tu l’as relevé, et quand tu as utilisé le verbe « castrer », j’ai pensé « il exagère un peu là, juste pour un citron que je n’aime pas, même pas un vrai citron, j’ai quand même le droit d’exprimer mes envies ! ». Ce mot, « castrer », je l’avais lu dans des bouquins de psychologie, où il s’agissait de castration symbolique, et je ne sentais pas que cela pouvait me concerner
Et maintenant j’ai compris. Je l’ai expérimenté pendant ces deux jours avec toi.
J’ai senti à quel point par mes « non » à la vie, à travers ma petite fille blessée et/ou par l’expression de la maman en moi, je limitais, j’empêchais mon compagnon d’être homme. Oui il s’agit bien de castration. Et je n’en avais pas conscience.
J’avais tellement peur de me retrouver devant un homme incarné ! Oui je me demandais depuis quelques années pourquoi mes compagnons avaient un féminin bien plus exprimé que leur masculin, moi qui rêvais d’un bûcheron ! Mais je leur en laissais la responsabilité ! Il a fallu que je me retrouve cet été en présence de deux de mes compagnons pour voir à quel point ils étaient semblables sur leur non expression du masculin. Je m’interrogeais sur mon choix, sans prendre la mesure de MA responsabilité. Et avec ces temps avec toi j’ai compris, j’ai senti, j’ai mis en acte un changement.
Tout a démarré au stage « Tissez l’amour ensemble » quand un participant s’est mis en colère. J’ai vécu de la terreur face à la violence de son expression. J’étais questionnée sur le masculin en moi et à l’extérieur.
Ensuite à Sorèze j’ai senti que tu étais un support fiable, patient et juste. L’homme vers lequel j’étais en chemin. Je savais que je voulais y aller, traverser ce barrage en moi, et je ne savais pas comment. Il y avait une urgence au creux de moi, et aussi tellement de peurs. Il me fallait choisir, j’étais là devant ce carrefour qui peut-être ne se présenterait plus jamais.
Grande était la tentation de me replier dans ma petite fille blessée, de reporter comme dans le passé la faute sur toi, l’homme qui refusait de m’aider. Et j’ai dit non. J’avais fait comme ça toute ma vie, et aujourd’hui j’étais décidée à changer.
J’ai vu clairement que je demandais à l’homme qu’il me répare, j’exigeais qu’il m’obéisse, et j’essayais alternativement et sans succès de lui prendre ou d’attendre de lui ce que je nommais de l’amour. Tout cela je l’avais expérimenté au quotidien, et j’étais épuisée, profondément triste, aigrie même par moment. Je n’aimais pas comment je devenais, de plus en plus. Et je me sentais perdue, tellement seule malgré la vie douce et les amis proches.
Oui je m’attendais à ce que tu me guides, et tu as refusé. Refusé d’être mon sauveur, refusé d’être mon père.
Je ne voyais pas comment faire, quelle place donner à ce masculin « passif » que tu incarnais pour ces deux jours.
Il m’a fallu me familiariser avec ces mots que tu me proposais : « Oublier le passé ; Accueillir, offrir ». J’avais ces deux jours pour y aller, pour sortir de l’ornière que je creusais.
Et en m’appuyant sur la confiance que je te donnais, j’ai trouvé.
J’ai expérimenté que quand j’étais avec moi, dans mon énergie et en même temps dans l’accueil de l’autre, c’était une énergie nouvelle que je contactais. C’était puissant.
En revenant vers la maison et mon compagnon je me sentais en joie.
J’ai imaginé un rituel d’accueil de cette nouvelle Isabelle pour son compagnon Nicolas. Et avec tes propositions j’ai compris que dans cette reconnaissance il était important de demander pardon à cet homme, pour moi et pour toutes les femmes qui l’avaient castré.
Comme je me suis sentie juste ! C’était si évident à vivre !
J’ai retrouvé joyeusement son corps, oublié et dénigré depuis des mois. Je l’ai trouvé beau, j’ai pris plaisir à l’accueillir, à suivre son souffle, ses manifestations de surprise et de plaisir. Et c’était bon de ne rien attendre, de ne rien prendre de lui. Oui c’était bien tisser l’amour ensemble. L’éjaculation, la pénétration n’était plus une exigence. Je sortais de ce donnant-donnant tellement frustrant depuis des années.
Et après ce temps fort nous étions différent l’un envers l’autre. C’était un état que je ne connaissais pas. Il pouvait physiquement se rapprocher des premiers moments de notre histoire, mais c’était autre chose. Oui je sentais un élan vers lui, fort. Mais il ne venait pas du même endroit en moi. Là c’était une solidité, une puissance au creux de moi. Je prenais mes responsabilités, et je vivais une confiance en lui toute nouvelle.
Bien sûr l’ancien se représente, et je contacte ma vigilance pour le repérer, et ma ténacité joyeuse pour ancrer le nouveau. C’est tellement bon de sentir ma sorcière avec « mon » homme !