Rencontre avec moi

Bonjour, je suis Isabelle, depuis plus de 58 ans maintenant, et très souvent, je suis ailleurs, pas chez moi, pas présente, pas centrée. Pas avec moi quoi !

Mais où suis-je alors ?

Dans ma tête essentiellement, à imaginer, construire, craindre les autres, les lendemains à venir.

 

Et pendant ce temps ma vie passe. Sans moi, ou plutôt sans moi pour m’accompagner, me rassurer, jouer et rire du plaisir d’être entièrement là, simplement avec moi, pour moi, tout contre moi, bienveillante et tendre.

 

Alors oui, je dois vous dire que quand je suis avec moi, c’est pour me juger. Pas capable, pas douce, pas juste, pas bienveillante, pas joyeuse, envahissante jusque dans mes kilos : voilà mes maux. En un mot je me laisse conduire par mes manques, mes besoins sans fonds de reconnaissance et d’amour.

 

Tout cela se loge en moi, depuis l’enfance, peut-être même avant. Vous voyez là qu’il en faut de la place pour que tout ce petit monde respire à sa guise ! Un vrai zoo de bêtes affamées !

 

Mais un changement pointe son nez. Et si je m’entrainais à cette chasse aux fugues, à cette vigilance à débusquer l’instant où je me quitte ? Ensuite il s’agira de me ramener au creux de mon ventre, tout contre mon cœur.

 

Peut-être avez-vous besoin de quelques confidences pour vous rapprocher, pour tendre l’oreille et écouter mon histoire.

 

J’ai une belle vie, j’ai vécu quelques défis, sans vraie victoire mais en savourant ces instants d’adrénaline.

J’ai souvent combattu, croyant diriger la partie.

Je me suis parfois découragée avant de reprendre courageusement ma route. Pour faire au mieux. Je croyais qu’ainsi je n’aurais pas de regret, pas de frustration. Bien sûr je me trompais. Je me suis souvent trompée : de route, de personnes, et aussi en me racontant des histoires. Pour tenir debout. Sans vrai conscience que l’horloge tournait. Je vivais sans réaliser que chaque instant nous est compté. A vouloir gagner du temps, j’en ai beaucoup perdu.

 

Je me suis souvent abandonnée, ce n’est guère étonnant que je me sois sentie si seule ! J’étais sans moi ! Et j’en voulais aux autres, au monde, de ne pas me soutenir dans mes difficultés. Toujours dans le combat moi qui rêvais de paix.

 

Aujourd’hui je pensais à mes écrits sur l’Inde. Ah oui, je dois vous dire qu’un de mes combats s’est joué dans une fuite au bout du monde : je me suis donnée 3 mois, pour me sauver… Ou me perdre. De ces moments il me reste des images, des sensations, des visages. Et j’ai écrit les rencontres qui m’ont touchée, ouverte, accompagnée.

 

J’ai posé du temps pour poursuivre ce travail, et depuis plusieurs mois rien ne vient. Je suis en recherche d’un liant, d’une enveloppe pour les rassembler. La aussi il s’agit de présence et de globalité. J’ai besoin d’un tout, d’une cohérence pour produire un plein. Et ce matin l’envie d’écrire m’a surprise, et comme une pirouette un titre s’est présenté pour ce nouveau livre : Rencontre avec moi.